Capturer la silhouette d’un léopard sous un ciel étoilé, immortaliser le regard perçant d’une hyène tachetée dans l’obscurité, ou figer la chasse silencieuse d’un caracal… La photographie nocturne en safari est le rêve ultime de tout passionné de faune africaine. C’est une invitation à découvrir un monde invisible, un ballet sauvage qui ne commence qu’après le coucher du soleil. Pourtant, ce rêve se heurte rapidement à une réalité technique redoutable : l’obscurité quasi totale, les sujets en mouvement constant et les défis logistiques peuvent transformer une aventure excitante en une source de frustration.
Comment obtenir des clichés nets et saisissants quand la lumière se fait si rare ? Quel matériel emporter sans s’encombrer inutilement ? Quels réglages adopter pour dompter les hautes sensibilités ISO sans noyer ses images dans le bruit numérique ?
Cet article est votre réponse. Conçu comme le référentiel ultime pour 2025, ce guide vous accompagnera pas à pas pour transformer cette ambition en réalité. Nous aborderons en profondeur le choix du matériel, les réglages techniques avancés, les stratégies de stabilisation, les secrets du post-traitement, et surtout, le pilier fondamental de cette pratique : l’éthique. Préparez-vous à maîtriser l’art de la photographie de safari nocturne pour un voyage inoubliable, respectueux, et des clichés qui témoigneront de la magie de la nuit africaine.
Les Fondamentaux, l’Éthique et la Préparation d’un Safari Photo Nocturne
Avant même de penser aux réglages de votre appareil, la réussite d’un safari photo nocturne repose sur une préparation minutieuse et une conscience éthique irréprochable. Cette section pose les bases essentielles pour aborder cette discipline exigeante, en explorant la magie des scènes nocturnes, en établissant un cadre éthique rigoureux et en vous guidant dans le choix des meilleures destinations.
Comprendre la Magie et les Défis de la Nuit Africaine
Lorsque le soleil se couche sur la savane, un tout nouveau monde s’éveille. La nuit offre des opportunités photographiques uniques, bien loin des scènes classiques des safaris diurnes. C’est le moment où les prédateurs les plus discrets, comme le léopard, le serval ou la genette, entrent en action. Les comportements changent : les lions se déplacent en groupe pour la chasse, les hippopotames sortent de l’eau pour paître et les créatures nocturnes, comme les galagos ou les porcs-épics, se dévoilent.
Photographier la faune africaine la nuit, c’est capturer l’intensité d’une chasse, la tendresse d’une interaction familiale sous la Voie lactée ou simplement le portrait saisissant d’un animal dont le regard brille dans le faisceau d’une lampe. C’est une chance de raconter des histoires différentes, plus mystérieuses et intimes.
Cependant, cette magie s’accompagne de défis de taille. Le principal obstacle est évidemment le manque de lumière, qui impose de pousser le matériel dans ses retranchements. À cela s’ajoute le mouvement constant des animaux, qui rend la mise au point et l’obtention d’une image nette extrêmement difficiles. La photographie de safari nocturne est donc un équilibre délicat entre technique, patience et respect.
L’Éthique avant tout : Photographier la Faune Nocturne avec Respect
Le principe fondamental est simple : le bien-être de l’animal prime sur la photo. Comme le résume parfaitement Beverly Joubert, photographe de renom pour National Geographic : « L’éthique de la photographie est la même que l’éthique de la vie, et tout tourne autour du respect ». Nous devons être guidés par la compassion et la conservation, et faire passer le bien-être du sujet en premier.
Beverly Joubert, National Geographic
Voici les règles d’or à suivre :
- Pas de flash direct : L’utilisation d’un flash puissant et direct peut éblouir, désorienter et stresser les animaux, en particulier les prédateurs qui dépendent de leur vision nocturne pour chasser. Privilégiez des sources de lumière douces et diffuses, souvent fournies par les guides (projecteurs avec filtre rouge).
- Connaître son sujet : Comme le souligne Canon, « la priorité à la faune est le fondement de l’éthique de tout photographe de la faune. L’étude de votre sujet, de son histoire naturelle, de son habitat et de son comportement dans différentes circonstances vous aidera à reconnaître les signes de stress et d’inconfort ».
- Respecter les distances : Ne demandez jamais à votre guide de s’approcher au point de perturber le comportement naturel de l’animal. Une photo d’un animal en fuite n’est pas une réussite.
- Limiter la lumière et le bruit : Utilisez la lumière d’appoint avec parcimonie et uniquement le temps nécessaire à la prise de vue. Restez silencieux et évitez les mouvements brusques.
Adhérer à une charte éthique est une évidence, comme le rappelle le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), qui souligne que la photographie a aussi un rôle de sensibilisation aux questions éthiques. Pour approfondir ces principes, vous pouvez consulter des ressources comme les Conseils pour une photographie animalière sécuritaire et éthique ou le Manifeste éthique pour la photographie de nature.
Choisir et Préparer son Safari Photo Nocturne : Destinations et Opérateurs
Les meilleures destinations pour la photo nocturne :
- Réserve de Sabi Sands, Afrique du Sud : Mondialement réputée pour ses observations de léopards, cette réserve privée offre une liberté de mouvement exceptionnelle et des guides experts en pistage nocturne.
- Parc National de South Luangwa, Zambie : Considéré comme le berceau des safaris à pied, ce parc est également pionnier des safaris nocturnes et offre une faune riche, incluant des espèces rares.
- Delta de l’Okavango, Botswana : Dans les concessions privées du delta, les sorties de nuit permettent de découvrir un écosystème unique et d’observer des prédateurs en chasse dans un décor spectaculaire.
- Laikipia, Kenya : Cette région est connue pour ses efforts de conservation et abrite une faune diversifiée, y compris des espèces rares comme le lycaon, que l’on peut observer lors de safaris nocturnes.
Comment choisir son opérateur ?
Recherchez des opérateurs et des lodges spécialisés dans les safaris photographiques. Leurs guides sont souvent eux-mêmes des photographes passionnés qui comprennent vos besoins : placement du véhicule pour la meilleure lumière, patience lors des observations et connaissance approfondie du comportement animal. Vérifiez les avis, les témoignages de participants et assurez-vous que les véhicules sont équipés pour la photographie (supports pour appareils, peu de sièges pour plus d’espace). Un bon guide photographe est la clé d’un safari nocturne réussi.
Le Matériel Essentiel et les Innovations Technologiques pour la Photo Nocturne (2025)
En photographie nocturne, le matériel ne fait pas tout, mais il conditionne grandement ce qu’il est possible de réaliser. L’obscurité est un juge de paix impitoyable pour les capteurs et les objectifs. Voici un guide complet pour constituer votre sac photo idéal pour un safari nocturne en 2025.
Boîtiers Hybrides et Reflex : Les Stars de la Nuit Africaine (Tendances 2025)
Le choix du boîtier est déterminant. Les appareils modernes, en particulier les hybrides, ont révolutionné la photographie en basse lumière grâce à leurs performances en haute sensibilité ISO et leurs systèmes d’autofocus avancés.
Pour 2025, la tendance se confirme : les boîtiers hybrides (mirrorless) dominent grâce à leur autofocus intelligent capable de détecter l’œil des animaux même dans des conditions difficiles, et à leurs viseurs électroniques qui montrent un aperçu en temps réel de l’exposition.
Les caractéristiques à rechercher :
- Excellente gestion des hauts ISO : La capacité à monter à 3200, 6400 ISO, voire plus, tout en conservant un niveau de bruit acceptable est primordiale.
- Autofocus performant en basse lumière : Recherchez des systèmes AF sensibles, rapides, et dotés de la détection et du suivi des sujets (en particulier l’œil animal).
- Bonne cadence en rafale : Une rafale rapide (10 ips ou plus) augmente vos chances de capturer le moment décisif d’une action.
- Stabilisation du capteur (IBIS) : Un atout majeur pour gagner quelques vitesses d’obturation et améliorer la netteté.
Modèles de référence pour 2025 :
- Canon EOS R5 / R6 Mark II : Reconnus pour leur autofocus animalier bluffant d’efficacité et leur excellente gestion du bruit. Le R5 offre une résolution de 45 Mpx pour des recadrages importants.
- Sony Alpha 1 / A7 IV : Des références en matière de vitesse, de sensibilité et de systèmes autofocus prédictifs.
- Nikon Z8 / Z9 : Offrent une construction robuste, un autofocus 3D performant et une absence de black-out dans le viseur, idéal pour suivre l’action.
- Pour les budgets plus serrés ou en complément : Un bridge expert comme le Sony RX10 IV peut être une option intéressante. Bien que son capteur de 1 pouce soit moins performant en hauts ISO, son zoom polyvalent (24-600mm f/2.4-4) et sa rafale à 25 ips en font un outil redoutable.
Objectifs Lumineux et Stabilisés : Votre Fenêtre sur l’Obscurité
Si le boîtier est le cerveau, l’objectif est l’œil de votre système. Pour la nuit, deux caractéristiques sont non négociables : une grande ouverture et une bonne stabilisation.
- Grande ouverture (f/2.8 ou plus lumineux) : Une grande ouverture (un petit chiffre f/) laisse entrer un maximum de lumière vers le capteur. Cela permet d’utiliser des vitesses d’obturation plus rapides et des ISO plus bas, ce qui se traduit par des images plus nettes et moins bruitées. Les zooms 70-200mm f/2.8 ou les focales fixes comme un 300mm f/2.8 sont des choix royaux.
- Stabilisation d’image (IS/VR/OS) : Que ce soit la stabilisation optique dans l’objectif ou la stabilisation du capteur (IBIS) dans le boîtier, cette technologie est cruciale. Elle compense les micro-mouvements du photographe et permet de gagner plusieurs vitesses d’obturation, ce qui est vital lorsque chaque photon compte. La combinaison de l’IS de l’objectif et de l’IBIS du boîtier, comme le proposent des marques comme Canon, offre des performances exceptionnelles.
Les Accessoires Indispensables : De la Stabilisation à l’Éclairage Discret
Le diable se cache dans les détails. Votre équipement ne s’arrête pas au couple boîtier-objectif. Voici les accessoires qui feront la différence sur le terrain :
- Support de stabilisation : Un trépied n’est souvent pas pratique dans un véhicule de safari. Privilégiez un bean bag (sac de riz ou de sable) à poser sur le rebord de la fenêtre. Il est incroyablement stable et polyvalent. Un monopode peut également être une bonne alternative.
- Batteries et cartes mémoire : Le froid de la nuit et l’utilisation intensive de l’écran et de l’autofocus vident les batteries rapidement. Emportez au minimum 3 à 4 batteries par boîtier et un chargeur. Prévoyez des cartes mémoire rapides et de grande capacité (128 Go ou plus), car la rafale et les fichiers RAW remplissent l’espace à toute vitesse.
- Stockage et sauvegarde : Ne prenez aucun risque. Chaque soir, sauvegardez vos photos sur un support externe. Les disques SSD portables sont idéaux car ils sont rapides, robustes et de plus en plus abordables.
- Éclairage d’appoint discret : Votre guide utilisera un projecteur, mais une petite lampe torche LED à lumière rouge ou à intensité variable peut être utile pour ajuster vos réglages sans éblouir tout le monde. N’utilisez jamais de lumière blanche près des animaux sans l’accord explicite du guide.
- Protection du matériel : La poussière est l’ennemi numéro un en safari. Un sac photo bien conçu et étanche à la poussière est indispensable. Pensez également à une poire soufflante et des chiffons microfibres pour un nettoyage quotidien.
Techniques Avancées de Prise de Vue et Réglages Spécifiques en Basse Lumière
Avoir le bon matériel est une chose, savoir l’utiliser en est une autre. La photographie nocturne en safari est un exercice technique exigeant qui demande de maîtriser parfaitement le triangle d’exposition et les réglages avancés de votre appareil. Voici un guide pratique pour configurer votre boîtier et capturer des images saisissantes.
Maîtriser le Trio d’Exposition en Basse Lumière : ISO, Ouverture, Vitesse
Dans l’obscurité, chaque réglage est un compromis. Votre objectif est de trouver le meilleur équilibre possible pour obtenir une image correctement exposée, nette et avec un minimum de bruit.
- Ouverture : La plus grande possible. C’est votre point de départ. Ouvrez votre diaphragme au maximum (par exemple, f/2.8, f/4). Cela maximise la quantité de lumière atteignant le capteur.
- Vitesse d’obturation : Assez rapide pour figer le mouvement. C’est le paramètre le plus délicat.
- Pour un sujet en mouvement (un léopard qui marche, une hyène qui trotte), une vitesse d’au moins 1/1000s est souvent recommandée en plein jour. La nuit, c’est impossible sans une lumière très puissante. Vous devrez donc descendre, mais essayez de ne pas aller en dessous de 1/125s ou 1/250s pour éviter le flou de bougé et le flou de mouvement du sujet.
- Pour un sujet statique (un hibou sur une branche, un lion au repos), vous pouvez descendre à 1/60s ou 1/80s si votre stabilisation est efficace et que vous êtes bien calé.
- Sensibilité ISO : L’ajustement final. Une fois votre ouverture et votre vitesse réglées, montez les ISO jusqu’à obtenir une exposition correcte. N’ayez pas peur de monter à 3200, 6400 ISO ou même plus avec les boîtiers récents. Il vaut mieux avoir une photo nette avec un peu de bruit (qui peut être réduit en post-traitement) qu’une photo sombre ou floue et inexploitable.
Conseil de pro : Utilisez le mode Manuel (M) avec ISO Auto. Cela vous permet de fixer l’ouverture et la vitesse que vous jugez optimales pour la netteté, et l’appareil se chargera d’ajuster la sensibilité ISO pour une exposition correcte. Vous pouvez souvent définir une plage ISO maximale (par ex. 100-12800) pour garder le contrôle. On vous dit tout sur les techniques de photographie animalière dans notre guide.
Autofocus et Balance des Blancs : La Précision dans l’Obscurité
Faire la mise au point dans la pénombre est l’un des plus grands défis. Les systèmes d’autofocus modernes sont performants, mais ils ont besoin de contraste pour fonctionner.
- Modes Autofocus :
- Utilisez le mode AF-C (Continu) ou Servo pour suivre les sujets en mouvement.
- Privilégiez le mode collimateur unique ou une petite zone AF que vous pouvez déplacer sur l’œil de l’animal. Les modes de suivi de l’œil animal sont incroyablement efficaces, mais peuvent parfois être trompés par le manque de lumière.
- Astuce : Le faisceau du projecteur du guide crée souvent un reflet brillant dans l’œil de l’animal. C’est un point de contraste parfait sur lequel votre autofocus peut s’accrocher.
- Balance des Blancs (WB) : La lumière artificielle du projecteur peut donner une dominante de couleur très chaude (orange/jaune).
- Photographiez toujours en RAW. Cela vous donnera une flexibilité totale pour corriger la balance des blancs en post-traitement sans perte de qualité.
- Si vous souhaitez avoir un aperçu plus fidèle sur votre écran, vous pouvez essayer le mode WB « Tungstène » ou régler une température de couleur manuelle (Kelvin) autour de 3200K pour neutraliser la dominante chaude.
L’Art de la Lumière : Flash, Éclairage d’Appoint et Composition Créative
La lumière est votre pinceau. Son utilisation éthique et créative peut transformer une simple photo en une œuvre d’art.
- L’éclairage du guide : La plupart du temps, vous utiliserez le projecteur du véhicule. Communiquez avec votre guide : demandez-lui de déplacer le faisceau sur le côté de l’animal pour créer des ombres (un éclairage latéral) plutôt qu’un éclairage plat et frontal. Cela donnera du volume et du caractère à votre sujet.
- Le flash d’appoint : Si vous utilisez un flash externe (cobra), ne le dirigez jamais directement vers l’animal. Utilisez un diffuseur pour adoucir la lumière et baissez sa puissance (compensation d’exposition au flash à -1 ou -2 EV) pour simplement « déboucher » les ombres sans créer un effet artificiel.
- Composition dans le noir : Pensez au-delà du simple portrait animalier. Utilisez l’obscurité à votre avantage.
- Silhouettes : Placez votre sujet devant une zone légèrement plus claire (la lueur du crépuscule, la lune) pour créer une silhouette puissante.
- Espace négatif : Intégrez l’environnement sombre autour de l’animal pour créer une atmosphère de mystère et d’isolement.
- Light Painting : En accord avec le guide, un léger balayage du faisceau lumineux sur le paysage pendant une pose un peu plus longue peut révéler l’environnement de l’animal et ajouter du contexte à votre image.
Surmonter les Défis Logistiques et Techniques du Safari Nocturne
Au-delà de la prise de vue, un safari photo nocturne est une opération logistique. La gestion du matériel, la stabilisation et la collaboration avec votre équipe sont des facteurs clés de succès. Anticiper ces défis vous permettra de rester concentré sur l’essentiel : la photographie.
Gestion du Mouvement et de la Stabilisation : Des Images Nettes à Coup Sûr
Le flou est l’ennemi juré du photographe de nuit. Il peut provenir de vos propres mouvements (flou de bougé) ou de ceux de l’animal (flou de mouvement).
- Figer l’action : Comme mentionné précédemment, une vitesse d’obturation rapide est la meilleure arme contre le flou de mouvement. Mais quand la lumière manque, il faut trouver d’autres alliés.
- Utiliser la rafale : Le mode rafale à haute vitesse est votre meilleur ami. En prenant une succession rapide de photos, vous augmentez drastiquement la probabilité qu’une image de la série soit parfaitement nette, en capturant l’instant où l’animal et vous-même êtes les plus stables.
- Stabilisation optique (IS) et du capteur (IBIS) : Ces technologies sont révolutionnaires. La stabilisation de l’objectif (optique) est optimisée pour les longues focales, tandis que la stabilisation du capteur (IBIS) est efficace sur toutes les focales. Leur combinaison peut vous faire gagner jusqu’à 5 crans de vitesse ou plus (par exemple, un objectif comme le Canon RF 100-400mm offre 5,5 stops de stabilisation). Cela signifie que vous pourriez obtenir une image nette à 1/30s là où il vous aurait fallu 1/1000s sans stabilisation. Attention, cela ne fige pas le mouvement de l’animal, mais uniquement votre propre bougé.
- Le support physique : Votre corps est la première ligne de défense. Calez-vous fermement, coudes rentrés, et utilisez le bean bag comme un socle stable sur le véhicule. Il absorbe les vibrations bien mieux qu’un trépied rigide dans cette situation.
Stratégies Logistiques : Transport, Alimentation Électrique et Collaboration
Une bonne préparation logistique vous libère l’esprit sur le terrain.
- Transport du matériel :
- En avion : Gardez toujours vos boîtiers, objectifs et batteries en cabine. N’enregistrez jamais de matériel de valeur en soute. Utilisez un sac à dos photo qui respecte les dimensions des bagages à main.
- Assurance : Souscrivez une assurance spécifique pour votre matériel photo qui couvre le vol, la casse et la perte à l’étranger. Vérifiez les clauses et les plafonds de remboursement.
- Douanes : Pour le matériel professionnel de grande valeur, il peut être judicieux d’avoir une liste détaillée avec les numéros de série et les factures pour prouver la propriété et éviter des complications douanières.
- Alimentation électrique : Les lodges de brousse peuvent avoir une alimentation électrique limitée (souvent par générateur, coupé la nuit). Renseignez-vous à l’avance. Emportez une multiprise avec un adaptateur universel pour recharger plusieurs batteries simultanément dès votre retour au camp. Certains véhicules de safari sont équipés d’onduleurs ou de prises USB, un atout non négligeable.
- Collaboration avec le guide : Votre guide n’est pas juste un chauffeur, c’est votre partenaire. Une communication claire et respectueuse est cruciale.
- Briefing initial : Avant le premier départ, expliquez-lui ce que vous cherchez à photographier, quel type de lumière vous préférez.
- Pendant le safari : Communiquez calmement. « Peux-tu avancer d’un mètre ? », « Peux-tu diriger la lumière un peu plus à gauche ? ».
- Faites-lui confiance : Son expérience du terrain, sa connaissance du comportement animal et des règles de sécurité sont inestimables. Il sait mieux que vous quand une situation devient dangereuse ou stressante pour l’animal.
L’Art du Post-Traitement pour Sublimer les Clichés de Faune Nocturne
La prise de vue n’est que la moitié du travail en photographie nocturne. Le post-traitement est une étape essentielle pour révéler tout le potentiel de vos fichiers RAW, corriger les défauts inhérents aux conditions extrêmes et transformer une bonne image en un cliché exceptionnel.
Réduction du Bruit Numérique et Amélioration de la Netteté
Le bruit numérique est l’ennemi numéro un des photos prises à hauts ISO. Il se manifeste par un « grain » coloré et disgracieux qui dégrade les détails. Heureusement, les logiciels modernes, souvent dopés à l’intelligence artificielle (IA), font des merveilles.
- Logiciels de pointe : Des logiciels comme Adobe Lightroom, Photoshop, DxO PureRAW ou Topaz DeNoise AI sont spécialisés dans ce domaine. Leurs algorithmes basés sur l’IA sont capables d’analyser l’image pour réduire le bruit de manière ciblée tout en préservant, voire en améliorant, les détails fins du pelage ou du plumage.
- Le processus : La réduction du bruit doit être la première étape de votre flux de travail, appliquée sur le fichier RAW. L’objectif n’est pas d’éliminer 100% du bruit, ce qui donnerait un aspect plastique et artificiel à l’image, mais de le réduire à un niveau où il devient discret et ressemble à un grain fin et agréable.
- Amélioration de la netteté : Après avoir contrôlé le bruit, vous pouvez appliquer une accentuation de la netteté (sharpening). Faites-le avec modération et de manière localisée, par exemple en utilisant un masque pour n’accentuer que l’œil et les détails importants du sujet, sans accentuer le bruit dans les zones floues de l’arrière-plan.
Sublimer l’Ambiance Nocturne : Couleurs, Contraste et Composition
- Balance des blancs et couleurs : C’est ici que vous ajustez la colorimétrie pour obtenir un rendu naturel ou créatif. Vous pouvez corriger la dominante orange du projecteur pour un blanc plus neutre, ou au contraire, la conserver légèrement pour garder une ambiance chaude. Le travail sur la calibration des couleurs (teinte, saturation, luminance) permet de faire ressortir votre sujet de l’arrière-plan.
- Contraste et exposition : Travaillez sur les hautes lumières, les ombres, les blancs et les noirs pour donner du relief à votre image. Vous pouvez éclaircir légèrement votre sujet tout en assombrissant l’environnement pour guider le regard du spectateur. Attention à ne pas « boucher » les noirs (perdre tout détail dans les zones sombres) ni « brûler » les blancs (perdre les détails dans les zones très éclairées).
- Techniques avancées (avec éthique) :
- HDR (High Dynamic Range) : Cette technique, qui consiste à fusionner plusieurs expositions d’une même scène, est rarement applicable en faune nocturne à cause du mouvement. Son utilisation doit rester subtile pour étendre la plage dynamique sans créer un rendu surréaliste.
- Compositing : Assembler des éléments de différentes photos (par exemple, un animal d’une image et un ciel étoilé d’une autre) est une pratique qui sort du cadre de la photographie documentaire. Si vous l’utilisez, il est éthiquement important de le mentionner pour ne pas tromper le spectateur.
Un flux de travail efficace consiste à organiser vos photos, appliquer les corrections de base (bruit, objectif, exposition), puis de passer aux ajustements créatifs (couleur, contraste) et de finir par l’exportation finale.
Conclusion
La photographie nocturne en safari est bien plus qu’une simple discipline technique ; c’est une quête, une immersion dans le cœur secret de la vie sauvage africaine. De la préparation éthique qui place le respect de la faune au-dessus de tout, au choix méticuleux du matériel capable de percer l’obscurité, en passant par la maîtrise des réglages avancés et la magie du post-traitement, chaque étape est une part essentielle de l’aventure.
Vous êtes désormais équipé des connaissances nécessaires pour transformer ce défi en une opportunité créative sans limites. Vous savez comment choisir votre destination, quel matériel privilégier en 2025, comment régler votre appareil pour figer l’action dans la pénombre, et comment sublimer vos clichés pour qu’ils racontent une histoire puissante. Vous avez les clés pour capturer l’invisible, avec expertise et conscience.
Au-delà des images exceptionnelles que vous rapporterez, cette pratique enrichira profondément votre expérience du safari. Elle vous apprendra la patience, l’observation et une connexion plus intime avec la nature. Vous ne serez plus un simple spectateur, mais un témoin privilégié de la beauté et de la fragilité de la faune nocturne.
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Disclaimer : Cet article a pour but de fournir des conseils techniques et éthiques. Le respect de la faune sauvage et des réglementations locales des parcs et réserves est primordial. Suivez toujours et sans exception les instructions de vos guides de safari professionnels pour garantir votre sécurité, celle des autres et le bien-être des animaux.
Références
IFAW. (N.D.). Pratiquer la photo animalière sans perturber la vie sauvage. Fonds international pour la protection des animaux. https://www.ifaw.org/fr/communique-de-presse/pratiquer-photo-animaliere-avec-respect
National Geographic. (2022). How to photograph wildlife ethically. Cité : Beverly Joubert. https://www.nationalgeographic.com/animals/article/ethical-wildlife-photography
Canon Canada. (2022). Comment photographier la faune de façon sécuritaire et éthique. https://www.canon.ca/fr/Articles/2022-articles-consommateur/Photographier-faune-securitaire-ethique